Films et vidéos

S'éclairer aux feux des espoirs rayonnants


MEET THE PRICK

Survol de la sélection 2007 de films et de vidéos

L'écran des Premières Nations est toujours lieu de parole et de mémoire, mais fait nouveau par son ampleur, il est aussi lieu de l'émergence d'un regard autonome qui a la sûreté des aurores naissantes. Une nouvelle génération ne veut plus se poser uniquement en victime mais entend devenir acteur d'une nouvelle histoire. Le vent a tourné. Le cinéma autochtone fut longtemps le cinéma des survivants, portant le regard douloureux du passé. Voici venu le temps des voyants, sentinelles de l'avenir, pour qui le futur est affaire de maintenant.

RENVERSEMENT DES PERSPECTIVES, RETOURNEMENT DU REGARD


PIRINOP, MEU PRIMEIRO CONTATO (Pirinop : Mon premier contact)

Au Brésil, en 1965, les frères Boas dans leur humanisme salvateur avaient amené les Ikpeng dans la grande réserve du Haut-Xingu où leur vie ne serait pas menacée par les colons; pour mémoire, leur opération de sauvetage avait été suivie par une équipe de tournage. Aujourd'hui, le récit filmé de l'action des Boas est réinséré dans le discours d'un peuple, les Ikpeng, qui maintenant réclame plus que la survie mais ses droits souverains à la parole, à la terre de ses ancêtres et à la pérennité de ses valeurs. Pirinop, meu primeiro contato (Pirinop : Mon premier contact), est un document exemplaire issu des ateliers de Video nas Aldeias, où dans la réalisation même de la vidéo, le discours sur l'histoire devient, pour un peuple, la réappropriation de son identité et de sa force.

Bennie Klain, jeune cinéaste Navajo, retrace, au-delà de la beauté des fameux tapis navajos, l'histoire des tisserandes dans toute sa complexité humaine, sociale et économique. Weaving Worlds est un hommage à une forme de résistance humble et fière, celle des mères Courage, qui, derrière leurs métiers, sont des modèles de détermination et de maîtrise artistique; elles qui auront par leurs gestes inlassables transmis aux générations futures les outils de leur affirmation.

Au Québec, les jeunes vidéastes issus du Wapikoni mobile, puis subséquemment mobilisés dans La course autour de la Grande Tortue, osent aussi porter un regard neuf et décapant à travers des courts qui expriment les sentiments partagés que leur inspirent les réalités qu'ils vivent, tels le désopilant Le Premier du mois de Shanouk Newashish, l'incantatoire Wabak de Kevin Papatie ou l'introspectif Désert d'hiver de Jonathan Germain, Wendy Germain, Nicolas Paradis et Jean Philippe Robertson.


FIGHTING CHOLITAS


HARTOS EVOS AQUI HAY


ERENDIRA IKIKUNARI

Renversement littéral pour les lutteuses amérindiennes qui montent dans le ring (Fighting Cholitas) ou figures chorégraphiques pour les danseurs (tel Byron Chief-Moon dans Butte), la liberté de s'affirmer sur tous les tons et toutes les notes est omniprésente. Liberté provocante chez les uns (Plethora of Idiot, Meet the Prick), ironique et souriante (Minor Disturbance), poétique et évocatrice (Xiwhu), personnelle et songée (Power of a Horse) ainsi que physique et sportive (En-Why-Oh 2006 de Wesley Woods et Les Jeux de mes ancêtres de Jason Brennan) chez les autres. Alors que sur un plan plus proprement politique, Hartos Evos aqui hay et El Espiritu de Tupaj Katari exposent les espoirs nés de l'élection de Evo Morales en Bolivie.

Du Mexique, le long métrage Erendira Ikikunari raconte l'histoire de la Jeanne d'Arc amérindienne du Michoacán qui, malgré le défaitisme du roi Tangoxoán II, leva une armée contre les Espagnols. Autant par son sujet, évoquant la résistance à l'envahisseur, que par l'utilisation de la langue Purepecha, et plus encore par sa forme éclatée, évoquant à la fois les illustrations des codex, les fresques aztèques, les films de Jodorowski et l'univers fellinien, ce film à lui seul incarne l'actuel rattrapage iconographique opéré par le cinéma des Premières Nations, enfin capables de créer des images prégnantes échappant aux sempiternels clichés. (Et le sieur Mel Gibson, avec son sanguinolent et ridicule Apocalypto, peut bien aller se rhabiller !)

CEUX QUI ONT OUVERT LA VOIE

Ces chemins de la liberté ont d'abord été explorés par quelques artistes pionniers. Et le cinéma des Premières Nations entend être porteur de cette mémoire.


J'ENTENDS CRIER LE VENTRE DE LA TERRE

J'entends crier le ventre de la terre rapelle les 20 ans du théâtre Ondinnok, une compagnie montréalaise qui a maintenu, contre vents et marées, un exigeant théâtre de création.

Dream Makers donne la parole aux acteurs autochtones du Canada et particulièrement à ceux tels Tantoo Cardinal, Graham Greene et August Schellenberg, qui par leur travail artistique auront permis l'émergence d'une nouvelle façon de donner à voir les personnages amérindiens au cinéma et à la télévision et tracé la voie aux Nathaniel Arcand et Dakota House. (Incidement : Tantoo Cardinal joue dans le long métrage canadien Unnatural and Accidental, inspiré des disparitions de femmes dans le quartier chaud de Vancouver)


WILLIAM

Kin, brillante chorégraphie théâtrale dans laquelle de jeunes Aborigènes, âgés de dix à douze ans, livrent une performance époustouflante, aura été rendue possible grâce à Stephen Page chorégraphe, danseur et metteur en scène qui créa le Bangarra Danse Theater. D'Australie également, l'étonnant film William nous permet de découvrir l'ampleur du talent des acteurs aborigènes qui par leur travail de comédien permettent la mise en scène des réalités contemporaines autant que l'âme pérenne de leur peuple.


WABAN-AKI, PEUPLE DU SOLEIL LEVANT


I DEFEND THE JUNGLE

Au Chili, ce sont les travailleurs des médias communautaires autant que les vidéastes qui auront porté l'espoir des Mapuches à bout de bras, y compris durant les années difficiles de la dictature: De la Tierra a la Pantalla rend hommage à leur ténacité. Et parlant des bâtisseurs d'avenir, comment ne pas mentionner la cinéaste Alanis Obomsawin ? À revoir le très beau Waban-Aki, peuple du soleil levant, présenté au Musée McCord.

UN AUTRE MONDE EST POSSIBLE

Cette poussée des expressions filmiques des Premières Nations est un phénomène international et les festivals, tel Présence autochtone, deviennent des lieux de rencontres et d'échanges entre des producteurs et cinéastes de différents pays réunis par une même fièvre de création et par une volonté d'accompagner de leurs oeuvres, la démarche d'émancipation des peuples autochtones du monde. À cette convergence, l'Unesco offre un nom et une enseigne : Las Camaras de la diversidad, un projet de mise en réseau des vidéastes autochtones du monde, qui sera lancé officiellement à Montréal, plus que jamais la Terre des hommes, en ce mois de juin 2007. Ainsi il est possible d'unir dans une véritable altermondialisation vidéocinématographique, des vidéastes aussi différents que l'Équatorien Eriberto Gualinga (I Defend the Jungle, sur la lutte contre l'envahissement du territoire des Sarayacu par une compagnie pétrolière), le Mexicain Filoteo Gomez Martinez (Dulce convivencia, sur la production sucrière traditionnelle dans son village Mixe), les Péruviens Quilla Nahui Ccencho (Illary Quilla : luz de luna, sur l'exode urbain des jeunes autochtones) et David Hilario (Dia para un cuento, sur la tradition orale).

LES BLESSURES COMME MÉMOIRE

Le vent cruel de l'Histoire a pourtant passé sur les premiers humains de cette terre. Décimés par une série de tsunamis bactériologiques, puis dépossédés du sol par les lois du conquérant, appauvris par la destruction de leur environnement nourricier, ils ont finalement vu des camps de concentration, pudiquement appelés pensionnats, où leurs enfants furent enrôlés de force pour qu'ils oublient définitivement qui ils étaient. De ceci on témoigne encore.


133 SKYWAY


RIDING WITH GHOST

Unrepentant de Louie Lawless dresse un réquisitoire implacable et n'hésite pas à parler de génocide pour qualifier l'envoi massif d'enfants amérindiens dans des écoles résidentielles où ils furent trop nombreux à trouver la mort.

Le Pacte de Yvon Dubé et Erica Pommerance nous plonge dans l'héritage difficile légué subséquemment aux communautés : les Atikamekw ont le plus haut taux de suicide de tout le pays. Des intervenants du milieu doivent s'organiser pour changer ce dramatique constat.

Donde acaban los caminos, longmétrage inspiré du roman de Mario Monteforte Toledo, est un drame amoureux qui nous plonge dans le Guatemala du début du XXe siècle; les conventions sociales et les pressions du milieu rendront impossible l'idylle entre un médecin blanc et une jeune Maya, tant les deux mondes sont étanches l'un à l'autre.

Du fond de l'abîme, une rédemption est toujours possible. C'est le propos d'une fiction (133 Skyway de Randy Redroad, racontant l'histoire d'un musicien devenu itinérant dans les rues de Toronto) et d'un documentaire (Riding with Ghosts, sur le cheminement du mâle Lakota tiraillé entre ses instincts guerriers et son aspiration à la paix de l'âme).

L'ENVIRONNEMENT À DÉFENDRE

Par leur localisation dans de vastes espaces naturels, les peuples des Premières Nations se trouvent à l'avantgarde des luttes écologiques.


DÉCHARGE DE DÉCHETS TOXIQUES EN TERRITOIRE PAPAGO

Trespassing illustre la résistance des populations Shoshone du Nevada s'opposant à ce que leurs sites sacrés dans le désert de Mojave soient utilisés comme poubelle nucléaire; un combat similaire, au Mexique, est narré dans Décharge de déchets toxiques en Territoire Papago.

Les Ojibway pour leur part doivent se mobiliser contre les tentatives de modifier génétiquement le riz sauvage, encore produit et récolté de manière traditionnelle dans Manoomin: a Minnesota Way of Life. Aux Philippines, Pidlisan's Gold montre la lutte de la nation Igorot pour protéger ses jardins en terrasses alors qu'un sauvage développement minier vient menacer leur agriculture traditionnelle.

DEUX ESPRITS, À CORPS DÉFENDANT

Résistance et affirmation se retrouvent également chez cette minorité dans la minorité, le groupe gay et lesbien parmi les Premières Nations.


TULI

Un magnifique long-métrage nous arrive des Philippines où il a été tourné par Kanakan Balintagos, celui qui nous avait donné Basal Banar (prix Séquences du meilleur documentaire, Présence autochtone 2005) et The Blossoming of Maximo Oliveros (Zénith d'or du premier long métrage de fiction, FFM 2005). Tuli nous fait vivre au milieu d'un village traditionnel où l'affirmation de deux femmes qui ont décidé de vivre leur amour commun au grand jour va provoquer quelques remous.

Byron Chief-Moon: Grey Horse Rider dresse un portrait senti du grand chorégraphe canadien qui explique que son identité two-spirited est plus qu'une orientation sexuelle mais aussi une façon de vivre son amérindianité, une source d'inspiration artistique et une histoire d'amour qui l'a amené à fonder une famille (lui et son compagnon de vie ont adopté des enfants). EN PRÉSENCE DE BYRON CHIEF-MOON ET DE MARGO KANE.

Two-spirits : Back into the Circle de Julien Boisvert, vidéo tournée à Montréal et Kahnawake, se veut le premier jalon d'un projet plus vaste sur la question.

 

Présence autochtone 2007 à la Cinémathèque québécoise
les 13, 14 et 15 juin


LE JOURNAL DE RASMUSSEN

Une séance florilège permettra de découvrir l'oeuvre vidéographique de Dana Claxton, une artiste lakota qui pose un regard à la fois ironique et cérémoniel sur les blessures léguées par l'histoire et qui trace avec une grâce épurée de nouveaux parcours initiatiques de guérison.

Et des regards croisés : Le Journal de Rasmussen de Zacharias Kunuk est la transposition par le grand cinéaste inuit du récit des tribulations de l'explorateur danois dans le Nord canadien. Le lendemain, Les Noces de Palo, sur un scénario du Rasmussen en question, est une histoire de rivalité amoureuse avec des Inuit du Groenland filmés par des cinéastes danois.

EAGLE VS SHARK À LA SOIRÉE D'OUVERTURE


EAGLE VS SHARK

Eagle vs Shark, premier long métrage de Taika Waititi, sera présenté en première canadienne aux invités de la soirée d'ouverture de Présence autochtone 2007.

Deux courts métrages (présentés lors d'éditions précédentes de Présence autochtone) auront consacré Taika Waititi étoile montante du cinéma en Nouvelle- Zélande : Two Cars one Night (nominé pour l'Oscar du meilleur court-métrage) et Tama Tu.

Dans un atelier d'écriture au Sundance Institute, le scénario définitif de Eagle vs Shark prendra forme. Ainsley Gardner de la Whenua Films (une maison vouée à l'émergence de cinéastes maoris) assurera le relais au niveau production. Selon les mots mêmes du réalisateur, cette comédie se veut un hommage aux personnes maladroites et inadaptées dont la beauté singulière est rarement révélée a l'écran.

"I wanted to bring out the beauty of being awkward, which is something you don't usually see in movies."
Taika Waitii

Programme spécial à la Grande Bibliothèque

GRANDE BIBLIOTHÈQUE
475, boul. de Maisonneuve Est

À l'occasion du festival Présence autochtone, BAnQ souligne la richesse de la création autochtone

Mardi 19 juin, 19h30 à 21h30
Le Wapikoni mobile : lieu vivant de la création autochtone

Venez découvrir les films et les clips musicaux du studio Wapikoni mobile qui vous livrent les rêves et les réalités autochtones actuelles. Cette projection sera suivie d'un échange entre le public, la cinéaste Manon Barbeau et d'autres invités de l'équipe de production.

Le Wapikoni mobile est un studio itinérant de formation et de création vidéo et musicale. Depuis 2004, le projet de la cinéaste Manon Barbeau, développé en collaboration avec l'Office national du film, a donné lieu à plus de 75 films réalisés par des jeunes autochtones. De plus, dans son sillage, le studio itinérant a inspiré la création de studios permanents à Wemotaci, à Kitcisakik et tout récemment à Mashteuiatsh. Une aventure exceptionnelle.

Auditorium, rez-de-chaussée
Aucune réservation requise.

Mercredi 20 juin, 18h30 à 21h30
Jeudi 21 juin, 18h30 à 21h30

Le Wapikoni mobile : tour d'horizon du Québec autochtone en 65 minutes

Projection en continu d'une compilation des films réalisés en 2006 par les jeunes cinéastes autochtones du Wapikoni mobile.

Salle 4.130, niveau 4
Aucune réservation requise (20 places)

À l'Espace Jeunes

Samedi 16 juin, 13h30 à 14h30
Dimanche 17 juin, 13h30 à 14h30

Les Abénakis : le peuple du soleil levant (7 à 13 ans)

Magnifique ambassadrice de la culture abénaquise, Nicole Obomsawin saura t'envoûter avec ses récits, ses chants, son amour de la danse et sa connaissance intime des objets traditionnels. Viens explorer avec elle un monde différent.

Au Théâtre Inimagimô
Nombre de places limité : 70 (enfants et adultes)
Laissez-passer au comptoir de service de l'Espace Jeunes, niveau M, à compter du 2 juin

Dimanche 17 juin, 15h à 16h30
Ciné-Boukino : Le chemin des esprits (8 ans et plus)

Guijek et sa femme Waba Onigouch filent le parfait bonheur, mais après seulement quelques mois de mariage, Waba meurt dans un accident. La seule manière de revoir sa femme qu'il aimait tant, imagine Guijek, est de se rendre sur la terre des Esprits pour pouvoir ramener Waba à la vie. Mais le voyage ne se fera pas sans difficultés. Une occasion de revoir ces trois épisodes de la série télévisée Légendes indiennes diffusée dans les années 1980.

Au Théâtre Inimagimô
Nombre de places limité : 70 (enfants et adultes)
Aucune réservation requise (premiers arrivés, premiers servis)

Prix d'entrée

OFFICE NATIONAL DU FILM
Macaron en vente à l'ONF
Avec l'achat du macaron à 5 $, vous ne payerez que 2 $ pour chaque séance

CINÉMATHÈQUE QUÉBÉCOISE
7 $ par personne 6 $ pour les aînés et les étudiants

CENTRE D'ARCHIVES DE MONTRÉAL
5 $ ou 2 $ avec le macaron

CAFÉ L'UTOPIK
Gratis

GRANDE BIBLIOTHÈQUE
Gratis

KATERI HALL
Gratis

SOCIÉTÉ DES ARTS TECHNOLOGIQUES [SAT]
Gratis (seulement pour les films)

MUSÉE MCCORD
L'accès aux films est inclus avec le billet d'entrée du Musée McCord ainsi que sur présentation du macaron ou du programme Présence autochtone 2007.