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Voyants, rouges, allumés


PAVILLON DES INDIENS DU CANADA EXPO 67

Norval Morrisseau et Alex Janvier en avaient peint les murs extérieurs, les sculpteurs Kwakwaka'wakw l'avaient orné d'un mât totémique spécialement conçu pour l'occasion, Jean-Paul Nolet y souhaitait la bienvenue aux visiteurs venus de toute la planète. En 1967, pour la première fois dans une exposition universelle, les Indiens du Canada (qui allaient bientôt préférer le nom de Premières Nations pour se désigner), parlaient de leur propre voix dans un pavillon qui leur était dédié.

Montréal, Terre des hommes, en 1967, fournissait aux premiers peuples l'occasion, dans un contexte de dialogue des cultures, d'exprimer leur différence en faisant montre de leurs richesses artistiques et patrimoniales, tout en faisant état avec franchise de leurs nombreux contentieux historiques vis-à-vis de la société canadienne.

Quarante ans plus tard, dans le même esprit, Présence autochtone s'avère une plateforme pour les artistes amérindiens et inuit, l'incontournable rendez-vous culturel des Premières Nations avec le grand public, une occasion de rencontre internationale et lieu de libre débat sur les sujets touchant aux peuples autochtones.

Montréal redevient ainsi chaque année, pour 11 jours en juin, le centre des confluences d'un mouvement d'émancipation mondiale dont les résonances artistiques, sociologiques, philosophiques et spirituelles sont au diapason des grandes préoccupations de notre temps. Des artistes visionnaires, dont l'inspiration créatrice puise aux sources premières, viennent saluer le solstice d'été sur une île mythique. La roue du temps accomplit son cycle, le soleil se dirige vers son zénith, Présence autochtone revient.

Les prix Présence autochtone 2007

Grand prix Teueikan


WILLIAM

Une lumineuse direction d'acteur amène les comédiens aborigènes à évoluer dans le clair-obscur d'une nuit pluvieuse, les souvenirs d'un artiste forain remontent à l'écran comme des lapins sortis d'un chapeau magique et le spectateur soudainement plongé dans les méandres d'une âme blessée, se retrouve à la fois désorienté et ébloui.

Pour le visage tendre donné à la douleur humaine de son héros, pour les éclairs d'authenticité qui percent la nuit noire où surnagent un taxi et ses passagers et pour la représentation convaincante, sans fard et sans artifice, de personnages aborigènes, le jury de Présence autochtone 2007 accorde le grand prix Teueikan à Eron Sheean pour William.


TULI

Des séquences comme des tableaux naïfs ouvrent le film qui s'annonce alors comme une chronique heureuse des travaux et des jours dans un village philippin. Mais voici que l'harmonie des choses est brisée par les éclats de violence d'un père colérique ; dès lors l'ordre ne pourra être rétabli que lorsqu'une colère encore plus grande s'opposera à l'autorité abusive. Pour cette fable exemplaire où la révolte d'une fille rejetant une autorité paternelle trop lourde annonce une société meilleure, pour son regard empreint de sympathie pour les gens humbles d'une communauté isolée, pour sa foi sincère en la capacité des communautés traditionnelles à accepter les différences, le jury de Présence autochtone 2007 accorde le deuxième prix Teueikan à Aureus Solito pour Tuli.

Grand prix Rigoberta Menchu


PIRINOP

Dans un grand élan de générosité, on avait décidé d'assurer leur survie alors menacée par la pénétration blanche sur leur territoire; ceci, sans trop se soucier des impacts pour les Amérindiens, du grand déplacement qui allait suivre ce premier contact. Depuis, les Ikpeng, la mort dans l'âme, avaient dû garder pour eux le point de vue qu'ils n'avaient jamais eu la chance d'exprimer.

Pour avoir remonté à la source des murmures et avoir amené à jour les espoirs d'un peuple assoiffé d'autonomie et pour avoir réinterprété les rêves anciens à la lumière libératrice du présent, le jury de Présence autochtone 2007 accorde le grand prix Rigoberta Menchu à Mari Corêa et Karané Ikpeng pour Pïrinop, Mon premier contact.


WEAVING WORLDS

Les mains agiles qui tressent les motifs harmonieux des tapis navajos sont porteuses de la mémoire d'une nation. Voici un film qui décrit dans toute sa discrète grandeur, l'art des tisseuses qui, dans l'intimité de leurs hogans, ont créé des œuvres uniques, pourvu au besoin des familles sur plusieurs générations, et surtout gardé intact le fil immémorial qui relie le geste quotidien à la tradition ancestrale.

Pour cet hommage aux forces prodigieuses qui s'exercent patiemment à modifier le cours de l'histoire dans la dure réalité du quotidien, pour un film complexe qui dénoue la trame de la dépossession économique qui aura empêché les artisanes de toucher une juste part des profits générés par la vente des leurs oeuvres, pour un voyage introspectif au cœur de l'indémaillable tissu social navajo noué par des femmes infatigables et généreuses, le jury de Présence autochtone 2007 accorde le deuxième prix Rigoberta Menchu à Bennie Klain pour Weaving Worlds.

Prix Séquences du meilleur documentaire


RIDING WITH GHOSTS

Un fil ténu et mystérieux passe à travers les morceaux de vie que le documentaire fait se succéder à l'écran. Une fine suture quasi imperceptible soutient ainsi les éléments épars qui composent ce film-mosaïque dans lequel sont illustrés les tourments d'une psyché collective blessée et sont dessinées les voies obscures par lesquelles la guérison fait son chemin. Pour avoir livré une œuvre dense où le sens profond d'une rédemption à venir transparaît sous l'apparent chaos des vies brisées, le jury de la revue Séquences accorde le prix du Meilleur documentaire à Jim Starkey et Joe Hubers pour Riding with Ghosts.


KIVIAQ VERSUS CANADA

Pour un film faisant le portrait sincère d'un militant impliqué dans la défense des droits des Inuit et portant en filigrane une critique de l'attitude de la société canadienne vis-à-vis les nations autochtones, le jury de la revue Séquences accorde une mention spéciale dans la catégorie documentaire à Zach Kunuk pour Kiviaq versus Canada.

Meilleur court métrage


IMBÉ GIKEGÜ, THE SENT OF THE PEQUI FRUIT

Un alligator libidineux se livra à des ébats amoureux avec deux soeurs. L'agouti prévint le mari. Un arbre fruitier apparut sur la tombe de l'alligator mort d'une flèche reçue en plein coït. Pour avoir rendu dans une vidéo jubilatoire la sensuelle simplicité de la vie heureuse que les Kuikuros poursuivent au milieu du parfum de fruits aphrodisiaques et des volées d'oiseaux-mouches, le jury de Présence autochtone 2007 accorde le prix du meilleur court métrage à Takuma et Marica Kuikuro pour Imbé Gikegü, The sent of the pequi fruit.

Meilleur film d'animation


POPOL VUH

Les jumeaux cosmiques affrontent dans un match endiablé les dieux infernaux : un récit plein de rebondissements, que l'animation vient ici rendre à la vie en s'inspirant des fresques des temples mayas. Pour avoir donné forme et visage aux dieux du panthéon maya, pour avoir livré une œuvre accessible qui permet aux spectateurs de tous âges de pénétrer dans l'imaginaire le plus ancien de ce continent, pour l'art consommé des techniques du cinéma d'animation qui aura présidé à sa création, le jury de Présence autochtone 2007 accorde le prix du Meilleur film d'animation à Ana Maria Pavez pour Popol Vuh.

Prix Jeune espoir Mainfilm


WABAK

Pour son utilisation créative du travelling avant, où narration et incantation se fondent, pour sa compréhension de l'essence magique et cérémonielle des récits de la tradition orale et pour la révélation qu'il nous donne des richesses sonores de la langue algonquine, le jury de Mainfilm accorde le prix Jeune espoir à Kevin Papatie pour Wabak.

Meilleure direction photo


WILLIAM

La nuit d'un noir d'encre ressemble à un océan mystérieux sur lequel le taxi qui porte les héros du film est ballotté par des courants ténébreux. Les éclats de lumière, avec leur élan brisé par la pluie, sont goulûment absorbés par l'obscurité liquoreuse. Pour avoir su créer en studio une ambiance fantasmagorique qui donne une épaisseur onirique au réalisme du récit et pour avoir amené l'image elle-même à suggérer les abîmes insondables de l'âme humaine, le jury de Présence autochtone 2007 accorde le prix de la Meilleure direction photo à Anna Howard pour William.

Prix Dr Bernard Chagnan Assiniwi

Le lutteur Billy Two-Rivers quitta le ring pour s'engager dans l'arène politique. Il siégea subséquemment pendant vingt ans au Conseil Mohawk de Kahnawake. Aujourd'hui, il est un aîné respecté pour sa sagesse et son expérience.