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Dialogues avec un sauvage : perspectives contemporaines

GRANDE BIBLIOTHÈQUE SECTION ARTS ET LITTÉRATURE, NIVEAU 1 DU 10 JUIN AU 5 OCTOBRE


JASMIN GUNN et ROGER NELSON
LES ESPRITS PARLENT
gravure, 75 x 54,5 cm, 2008

Cette exposition propose les créations de huit artistes des Premières Nations engagés dans des champs d’expérimentation fort différents. Ils ont été invités à s’inspirer de l’ouvrage de Lahontan (1666–1715) Dialogues de M. le baron de Lahontan et d’un Sauvage dans l’Amérique pour explorer le thème du dialogue et de la rencontre avec l’autre.

Certains des artistes ont choisi d’entrer en résonance avec le texte de Lahontan, d’autres ont abordé la situation du dialogue afin d’en dégager, à travers leur démarche artistique, des aspects qui mettent en relief un questionnement sur l’identité, l’appartenance ou encore le métissage.

À la fois satiriques et polémiques, ces dialogues, publiés en 1703, faisaient l’éloge de la vie primitive et critiquaient la société européenne de l’époque en accordant une large place aux paroles d’un Amérindien, Adario. Le propos de Lahontan et le personnage de chef huron qui lui sert d’interlocuteur portent en germe la création par Rousseau, quelques décennies plus tard, de la figure du « bon sauvage », mythe qui frappera longtemps l’imagination de certains Européens amateurs de forêts vierges.

De nos jours, la simple évocation de cette fiction qui a nourri le grand brassage d’idées que fut le Siècle des lumières fait plutôt sourire. Quelles interprétations pourraient bien naître aujourd’hui d’une lecture de ces dialogues fictifs par des artistes des Premières Nations ? Quelle vision renouvelée pourrait surgir qui viendrait éclairer nos rapports actuels avec les sociétés amérindiennes ?

Un esprit de liberté, parfois teinté d’humour, anime les œuvres. Nous sommes conviés à visiter des univers qui se déploient à la fois dans le passé et le présent, touchant autant l’imaginaire que la plus quotidienne des réalités. Ces œuvres nous offrent une occasion de découvrir l’art des Premières Nations selon des perspectives inédites.

Entre spiritualité et culture matérielle, entre rêve et mémoire, entre rencontre et silence, huit artistes proposent un chemin qui nous ramène à ce que nous sommes et, de là, nous conduit vers l’autre.

 


JASMIN GUNN
DEAD HEART BEAT
gravure, 38 x 56 cm, 2008

Formés par le Centre de l’image et de l’estampe de Mirabel (CIEM), Jasmin Gunn et Roger Nelson, de Kanesatake, ont d’emblée su trouver des approches créatrices fructueuses. Roger Nelson a choisi d’explorer très librement l’iconographie des pétroglyphes, alors que Jasmin Gunn donne un portrait touchant et parfois tranchant de sa vie autour de la forme particulière du cœur humain.

Les esprits parlent, œuvre collaborative de Gunn et Nelson, est en soi un dialogue et garde toute la légèreté d’une conversation amicale. Il s’en dégage un humour qui transparaît autant dans le traitement des textures, des formes et des couleurs que dans la représentation quelque peu ironique de l’Européen avec son ridicule petit chapeau et du Sauvage au plumage de pacotille. On comprend l’espièglerie des esprits qui s’animent tout autour. La fraîcheur de l’ensemble nous éloigne de la simple farce et, à bien y regarder, les deux personnages parlent d’un même cœur.

 


SYLVIE-ANNE SIOUI TRUDEL
DERNIER DISCOURS D’ADARIO
techniques mixtes, 71 x 147 cm, 2008 (détail)

D’origine wendate, Sylvie-Anne Sioui Trudel, a fondé la compagnie Aataentsic Masques et Théâtre. Sa dramaturgie, qui accorde une large place aux masques et aux marionnettes, se distingue par une gestuelle qui combine des éléments des danses traditionnelles iroquoises, du mime et du théâtre japonais.

Le dernier discours d’Adario de Sylvie-Anne Sioui Trudel met en scène les dernières paroles du grand Kondiaronk, dit Le Rat, et nommé Adario dans les Dialogues de Lahontan. Théâtralement allongé sur son lit de grains de maïs, le personnage, entouré de masques, tient un discours empreint de sagesse et de paix malgré ses appréhensions devant les motivations réelles des Français. Bien qu’Adario soit représenté seul, nous sommes ici au cœur même de la rencontre. Les couleurs pourpre et blanche de l’&oeli;guvre rappellent celles du wampum de la paix, symbolisant deux grands chemins, deux nations vivant côte à côte dans le respect de leurs valeurs.

 


DENIS CHARRETTE
RIVIÈRE MÉTISSE
bois et cuivre, 51x135x42 cm, 2008 (détail)

Denis Charette, Métis algonquin vivant dans l’Outaouais, voit dans la sculpture une recherche spirituelle où la disponibilité de l’artiste face à la matière mène à la révélation. Récemment boursier du Conseil des Arts du Canada, il continue d’approfondir son étude de la culture et de la spiritualité des peuples algonquiens.

Denis Charette se voit comme un descendant de Lahontan et d’Adario. Il navigue sur La rivière métisse et il y imagine un pont qui réunira l’homme blanc et l’homme rouge. La rivière transporte dans son courant le grand rêve d’union. Bien que les deux masques se tournent le dos, l’œuvre demeure un appel à une véritable réconciliation. Ces deux masques composent le visage de l’homme métissé, portant sa mémoire de sang et de lumière.

 


RAPHAËL BENEDICT
MODIFICATION DU BEAU
acrylique sur toile
213 x 160 cm, 2008 (détail)

Bachelier en arts visuels de l’Université du Québec à Trois-Rivières, l’Abénaquis Raphaël Benedict poursuit un travail dont la charge poétique s’appuie sur une quête pressante d’identité qui l’amène à renforcer ses liens d’appartenance avec sa culture d’origine.

Que donne à voir Raphaël Benedict dans La modification du beau ? Perdus dans un vaste paysage, forêt coupée à blanc, pelouse ou désert, sous un ciel empêché de se dissoudre par de longues coulées d’encre, deux personnages, le Français et le Sauvage, reprennent la pose du célèèbre tableau intitulé Portrait présumé de Gabrielle d’Estrée et de sa s œur la duchesse de Villars, œuvre anonyme peinte vers 1594. Cette référence iconographique à la peinture française est sans lien avec l’imagerie traditionnelle autochtone, mais l’œuvre aborde avant tout la question du territoire, tant réel que symbolique. Ici, ce sont moins les personnages que les éléments plastiques du tableau qui créent un réel espace de dialogue : surfaces et textures, couleurs et formes.

 


OSWALDO DELEON KANTULE
LA RENCONTRE DU JAGUAR ET DE L'AIGLE
techniques mixtes, 51x76 cm, 2008

Né sur l’île d’Ustupu, dans la nation Kuna, au Panama, Oswaldo DeLeon Kantule développe une œuvre protéiforme où peinture, dessin, gravure, sculpture, installation et performance se rejoignent au seuil d’un territoire onirique peuplé d’êtres spirituels, d’animaux et d’oiseaux fantastiques.

Dans son tableau Hommage à Norval Morrisseau, Oswaldo DeLeon Kantule réunit les mythologies autochtones du Nord et du Sud. Deux traditions se rencontrent et s’enri?chissent mutuellement. Les couleurs vives de Kantule évoquent une danse libre et folle où l’univers chamanique de l’Ojibway Morrisseau est visité par les esprits de la culture kuna dont Kantule nourrit son œuvre. Dans son bas-relief intitulé La rencontre du jaguar et de l’aigle, il reprend ce dialogue Nord-Sud en traçant sur la toile les noms de chacune des nations qui, autrefois, peuplaient les Amériques, de l’île de Baffin à la Terre de Feu.

 


WALTER KAHERO:TON SCOTT
PSYCHIC TRIBE
gravure, 107 x 107 cm, 2008 (détail 1de 9)

Walter Kahero:ton Scott, Mohawk de Kahnawake diplômé en cinéma et communications du cégep Dawson, poursuit présentement des études en arts plastiques et en anthropologie à l’Université Concordia. Il signe chaque semaine dans le journal The Eastern Door de Kahnawake une bande dessinée intitulée Little Feather, dans laquelle des personnages s’inquiètent de leur avenir, un thème récurrent dans son œuvre.

Psychic Tribe de Walter Kahero:ton Scott compose avec cette série de gravures une discussion entre des êtres cherchant à travers une symbolique partagée ce qui les définit en tant que « tribu ». Ces êtres ou esprits qui possèdent à des degrés divers des attributs symboliques constituent une communauté. Il se dégage de l’ensemble un vocabulaire de gestes, de formes et de signes qui fondent le langage spécifique de ces esprits. Chacune des neuf gravures constituant cette œuvre garde son identité propre, mais toutes s’appellent et se répondent dans une suite sans fin de paroles éclatées.

 


SYLVAIN RIVARD
DIALOGUE AVEC UN SAUVAGE
cuir, métal et perles, 89 x 89 cm, 2008
(détail)

Par sa formation en théâtre, en danse et en chant, Sylvain Rivard, coauteur de Archéologie sonore Chants amérindiens, est activement engagé dans la diffusion des multiples aspects de la culture des Premières Nations. Son désir constant de rester fidèle à ce qu’il veut faire connaître en fait un animateur important auprès des écoles, des musées, des éditeurs et des producteurs de films ou de séries télévisées.

Dialogue avec un Sauvage est un large visage de lanières de cuir nouées crachant un wampum fait de perles enfilées et tissées; ce visage est flanqué de deux œuvres, Cultures matérielles et L’agneau et le castor, qui agissent ici comme parties spécifiques du discours. Cultures matérielles montre un éventail des matériaux et des techniques utilisées par les Premières Nations, alors que L’agneau et le castor illustre les effets de la rencontre entre l’Européen et le Sauvage. La clé de ce triptyque se trouve peut-être dans le wampum, qui signifie métaphoriquement paroles, mots ou voix.

Une exposition réalisée par Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Terres en vues à l’occasion du festival Présence autochtone.

Photos par Richard-Max Tremblay

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Gravures et sculptures

GUILDE CANADIENNE DES MÉTIERS D’ART DU 30 MAI AU 28 JUIN


Kevin Proulx
Sheera
2007

Cinq artistes mohawks de Kanesatake font montre d’une créativité nourrie à leur soif d’apprendre des techniques nouvelles pour eux. Leur désir d’expression juste de leur réalité les amène à explorer par la gravure, dans un climat de grande liberté, le monde des arts contemporains. Chacun y puise à son rythme et selon ses besoins ce qui lui est essentiel afin de créer des œuvres originales et fortes dont la variété est garante de l’appétit de connaissances qui les anime.

Tour à tour, Jasmin Gunn, Roger Nelson, Graig Nicholas, Audrey Avery et Kevin Proulx savent nous surprendre nous toucher, déjouer les idées reçues et parfois nous font un sourire teinté d’ironie.*

Le sculpteur métis algonquin Denis Charette aborde dans son œuvre plusieurs légendes de ceux qui ont marché avant nous sur la terre sacrée. Pour lui la matière est de l’ordre du vivant : ses sculptures parlent du vent, de l’eau, de la terre, du feu, des hommes, des animaux, des pierres, le tout entremêlé dans un tourbillon qui nous rappelle que nous sommes tous liés par la même essence.

Une exposition proposée par Suzie Pilon du Centre de l’Image et de l’Estampe de Mirabel (CIEM).

Situé dans le secteur de Sainte-Scholastique à Mirabel, le CIEM vise à développer la recherche, la production et la diffusion d’ œuvres en estampes contemporaines. L’atelier du CIEM jouit d’un équipement de qualité et d’un personnel de formation d’une grande compétence permettant l’exploration des principales techniques de l’art gravé.


JASMIN GUNN
THE ELEMENT OF MURDER
2007

Roger Nelson
CONTRAST
2007

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Événements à la maison de la culture Notre-Dame-de-Grâce

3755, rue Botrel, Montréal (metro Villa-maria) Information : 514.872.2157, ville.montreal.qc.ca/accesculture

Serge Gosselin, Capteur de rêve


Serge Gosselin
LE CERCLE DE VIE
2004

DU 8 MAI AU 22 JUIN, À PARTIR DE 13H

La maison de la culture de Notre-Dame-de-Grâce présente du 8 mai au 22 juin 2008, Capteur de rêves, une exposition de photographie de Serge Gosselin.

Cent ans de westerns et de documentaires ont façonné nos stéréotypes sur la représentation que nous nous faisons des autochtones. Cette caricature de personnages autochtones, soit primitifs, violents et sournois, soit d'une passivité et d'une soumission puérile, s'est étendue à notre inconscient collectif. À travers son travail photographique, Serge Gosselin tente de modifier cette perception. Sa cueillette d'images c'est effectué dans cinq pays soit : le Québec, le Guatemala, la Bolivie, l'Équateur et le Pérou. Son travail se rapproche plus du symbole et du mythe que de l'ethnologie et de l'anthropologie. Cette exposition est présentée dans le cadre du Festival Présence Autochtone organisé par Terres en vues.

Serge Gosselin est née à Senneterre en Abitibi. En 1974, il étudie en photographie commerciale et industrielle au Collège Lasalle et fait ensuite un stage de perfectionnement à l'Université de Sherbrooke. En 1977, il réalise sa première exposition solo dans sa ville natale, Senneterre et participe à une exposition de groupe à Rouyn-Noranda. Un an plus tard, il effectue un voyage qui l'amène à sillonner l'Amérique Centrale et du Sud. Ce périple dure plus d'un an. Durant cette période, il collabore à des revues spécialisées en voyage. De 1983 à 1995, il est photographe de presse pour le groupe Québécor et pigiste photographe pour Télé-Québec. À compter de 1995 il laisse les médias et ouvre son propre studio « Serge Gosselin photographe ». À la suite d'une formation en multimédia à l'UQAT, il fonde avec un ami une entreprise en multimédia « Cactus Média ! ». De plus, un projet de photos est en cours avec les résidents du village de Kitcisakik (Parc La Vérendrye).

Christine Sioui Wawanoloath, L’Île de la tortue


Christine Sioui Wawanoloath
L'Île de la Tortue
Œuvre numérique, 2006

DU 8 MAI AU 22 JUIN, À PARTIR DE 13H

La maison de la culture de Notre-Dame-de-Grâce présente du 8 mai au 22 juin 2008, l'île de la Tortue, une exposition de vidéo-animation, tableaux et sculptures de Christine Sioui Wawanoloath.

C'est avec l'humour du trickster que l'Abénakise-Wendat Christine Sioui Wawanoloath nous plonge au cœur d'une création du monde plutôt joyeuse. Dans le triptyque « Andro et Gyne », une danse nuptiale aboutit à la séparation des sexes. L'artiste a créé un univers mythologique complexe, une genèse inventée dont les codes et les signes peuvent leurrer certains naïfs. C'est là tout l'art de Christine Sioui Wawanoloath de révéler l'essentiel sous les dehors d'une spiritualité espiègle. Elle est, comme son double nom l'indique, porteuse de lumière et à la croisée des chemins. Sa déesse rouge et ses danseurs androgynes montrent bien que le rire est sacré. Tout chez elle participe de l'émerveillement du premier regard qui s'ouvre sur le monde. Ses contes, ses illustrations, ses peintures et sculptures gardent cette luminosité vibrante qui fait de tout ce qu'elle touche un révélateur d'âme. (Texte de Michel Côté) - Sa vidéo-animation l’Île de la tortue traite quant à elle d’une version Wendat du mythe de la création du monde. Cette exposition est présentée dans le cadre du Festival Présence Autochtone organisé par Terres en vues.

Christine Sioui Wawanoloath est Wendat par son père et Abénakise par sa mère. Son goût inné pour les arts visuels la menée à étudier la photographie, le graphisme et la fabrication de bijoux d’argent. Bien qu’elle soit surtout connue comme illustratrice, elle se consacre aussi à la peinture, à la sculpture et à l’écriture de contes. Depuis quelques années, elle travaille avec les nouvelles technologies pour réaliser des images numériques. Elle affectionne particulièrement le symbolisme et les mythologies des Premiers Peuples du Nord-est de l’Amérique du Nord dans ses créations. On peut voir quelques reproductions des ses œuvres exposées en permanence au Musée des Abénakis d’Odanak, son village d’origine.

VOYEZ L’ANIMATION DE L’ÎLE DE LA TORTUE dans la section « Contes et légendes »

Mon bestiaire : chants et contes de Sylvain Rivard (VainVard)


VainVard

LE JEUDI 12 JUIN À 20H

Son bestiaire est un répertoire de contes métissés et de musique folkloriques peuplés d’êtres fabuleux et de bêtes connues habitants le monde d'en haut, d’ici et d’en bas, comme le nonchalant Mooz et l’infatigable Pookjinskwes.

La création du monde selon les Hurons-Wendat (jeune public)

LE DIMANCHE 22 JUIN À 15H

Deux comédiens-conteurs relatent la création du monde telle qu’imaginée par les Hurons-Wendat. L’élément visuel de cette présentation est composé de projections de photos de dessins faits par des adolescents qui en ont illustré chacun des épisodes dans le cadre du projet de médiation culturelle Libres comme l’art mené par la Conférence des élus de Montréal, à l’automne 2007. Conception et animation : Monique Rioux, interprètes : Vladana Milicevic et Franck Sylvestre, musique : Nicolas Letarte, chant : Sylvain Rivard (VainVard), régie : Emanuelle Langelier, dessins des élèves de l’école Sophie-Barrat de Montréal sous la direction de Solange Courval. Production : La compagnie de théâtre Les Deux Mondes. Durée : 25 minutes.

Ces spectacles sont rendus possibles grâce à une mesure visant à soutenir la diffusion des artistes autochtones, financée conjointement par le ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine et la Ville de Montréal dans le cadre de l'Entente sur le développement culturel.

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