Prix

Grand prix TEUEIKANFilms et vidéos autochtones

Des prix comme autant de gages de reconnaissance aux cinéastes et vidéastes des Premières Nations pour leur engagement et de leur créativité.

Catégorie CRÉATION
Grand prix TEUEIKAN

Les prix TEUEIKAN, du nom du tambour sacré des peuples algonquiens, soulignent avec éclat la créativité des cinéastes et vidéastes autochtones. La fiction demeure une voie privilégiée de l’expression du réel. L’émergence de ces créateurs et la qualité de leurs oeuvres ne peuvent advenir que si leur parcours souvent difficile est jalonné de gestes de reconnaissance.

Un grand prix convoité : un bronze d’après une sculpture de Mattuisi Iyaituk honore l’excellence.


2006

Image du film Kiarâsâ Yô Sâty, la Cacahuète de l'agoutiDans une vision toute amérindienne des choses, le passage du maillot sportif à l’habit liturgique se fait dans une continuité naturelle, les réalités humaines et divines se déployant sur un même terrain. Épousant le rythme des labeurs et de jours, courant derrière les soubresauts d’un ballon de soccer, parcourant en souplesse le champ cérémoniel, la caméra n’est plus un regard extérieur mais captation immédiate du vécu par une équipe de jeunes Panara pour qui foot, rituels, vie quotidienne, alimentation, survie et chamanisme ne sont pas des éléments disparates, manifestations d’une incohérence sociétale postmoderne, mais les pièces essentielles rigoureusement ordonnées de l’harmonie du monde.

Pour cette exemplaire adéquation entre un regard cinématographique singulier et une cosmovision issue de la tradition panara, le jury de Présence autochtone 2006 accorde donc le deuxième prix Teuikan à Kiarâsâ Yô Sâty, la Cacahuète de l’agouti.

 

Image du film A Bride of the Seventh HeavenGrandiose dans son dépouillement, le paysage de la toundra sibérienne devient la toile de fond d’un drame humain qui prend dans ce décor des allures épiques. Aucun raccourci n’est offert au spectateur pour entrer par effraction dans la complexité de la culture nénet : sans artifices et sans apitoiement, narré avec l’implacable rigueur de la tragédie, le film nous laisse dans l’éblouissement de sa mystérieuse splendeur.

Pour sa qualité d’expression, faite d’humilité et de respect devant les arcanes insondables des réalités humaines; pour l’observation méticuleuse d’un quotidien ordonné selon les règles immuables d’une cosmovision antique; pour l’adéquation parfaite entre les sons et les images qui nous font entrer dans l’intimité d’une femme frappée dès la naissance par une inéluctable fatalité; le jury de Présence autochtone 2006 accorde le grand prix Teuikan à A Bride of the Seventh Heaven.

2005

1er prix : La maîtrise avec laquelle une équipe haïda a su s’approprier les techniques de l’animation par ordinateur assisté, afin qu’un voleur bien connu sur toute la côte Pacifique puisse allègrement poursuivre son envol et son forfait avec les moyens du 21e siècle, a séduit l’enfant qui dort dans le cœur de tout jury qui se respecte. À grands coups d’ailes, le corbeau ramène donc en son bec un grand prix Teueikan ex-aequo à How Raven Stole the Sun de Chris Kientz et Simon James, auteurs de Raven’s Tales.

Image du film 5th World2e prix : Une voix inédite dans le cinéma des Premières Nations se fait entendre dans un décor cent fois filmé; l’esprit retors et inventif de Coyote semble bien avoir déniché de nouveaux chemins dans le pays des sept montagnes. Le réalisateur a eu beau brouiller les pistes dans ce road movie en trompe-l’oeil, la trace caractéristique d’un cinéaste en pleine possession de ses moyens n’aura pas échappé au regard pénétrant du cinéphile. Pour sa nonchalante modernité et pour sa maîtrise savamment dissimulée des ressorts intimes du cinéma, le jury de Présence autochtone 2005 accorde un grand prix Teueikan ex-aequo à Black Horse Lowe pour 5th World, une joyeuse embardée dans les référents cinématographiques qui balisent les routes du pays navajo.

2004

1er prix : Edge of America de Chris Eyre

Le prix a été reçu par James McDaniels, acteur principal du film venu spécialement des Etats-Unis.

Les chapitres du récit s’entrecroisent avec la grâce des motifs tissés des tapisseries navajo, l’action rebondit et le film dribble avec nos émotions. Au dessus du panier, un ballon rond comme la Terre tournoie sur les bords étroits de l’anneau et, dans ce moment éphémère fait d’équilibre tenace et d’espoir suspendu, la destinée humaine se trouve concentrée dans l’œil anxieux d’une basketballeuse en quête de victoire. Puis, dans un revirement inattendu, l’angoisse existentielle trouve sa place dans l’ordre harmonieux du cosmos, s’annulant elle-même dans la sérénité retrouvée. Pour cette lumineuse leçon de philosophie où la dialectique de la victoire et de la défaite se fait renverser dans un scénario enlevé et haletant, le jury de Présence autochtone 2004 décerne le grand prix Teueikan à Chris Eyre.

2e prix : On the Corner de Nathaniel Geary

Le prix a été reçu par Alex Rice, la comédienne principale de la nation mohakw originaire de Kanahwake

Orchestrés comme un chœur mécanique pour tragédie urbaine, les cris de klaxons, les vrombissements des moteurs et les stridences des pneus sur l’asphalte accompagnent sans relâche Angel et son frère Randy dans leurs errances au coeur du Downtown Eastside de Vancouver. La caméra au style documentaire rappelle l’implacabilité de leur destin alors que la direction d’acteur nous révèle les rêves de rédemption de ces jeunes gens pris dans les rets de la délinquance. Portrait sans fard et pourtant plein de tendresse, le film rend aux personnages leur dignité humaine qui survit tel un phare au milieu de la déchéance et de la marginalisation. Pour l’âpre authenticité de l’oeuvre autant que pour les brusques lueurs d’espoir qui viennent furtivement illuminer l’âme des protagonistes, le jury de Présence autochtone 2004 décerne le deuxième prix Teueikan à Nathaniel Geary.

2003

1er prix : Yves de Peretti pour Tu es, je suis… l’invention des Jivaros

2e prix : Priscilla Barrak Ermel pour The Bow and the Lyre

2002

1er prix : Randy Redroad pour The Doe Boy

2e prix : Bennie Klain pour Yada Yada

2001

1er prix : Shirley Cheechoo pour Bearwalker

2e prix : Luciano Larobino pour Los Zapatos de Zapata

 


Photo de Rigoberta MenchuCatégorie COMMUNAUTÉ

Grand prix RIGOBERTA MENCHÚ

Les prix Rigoberta Menchu couronnent des oeuvres nécessaires. Films d’urgence, documents chocs ou inventaires patients des espoirs bafoués ou, mieux encore, des résistances des petites communautés face à la disparition, tous trouvent à Présence autochtone un lieu de diffusion libre. La Fondation Rigoberta Menchu Tum et sa représentante à Montréal, madame Lesvia Vela, se joignent à Terres en vues pour une cinquième année afin de souligner la qualité de ces oeuvres de combat et d’espoir.

2006

Image du film Inuk urbainNulle fatalité n’est liée au fait de se retrouver dans l’itinérance à Montréal. Inuk urbain démonte les mécanismes de délocalisation et de dislocation, les facteurs d’aliénation qui poussent maints autochtones à venir grossir les rangs des sans abris. Dans cette approche, le misérabilisme n’a pas sa place, pas plus que le pessimisme. Ce qui peut être compris, peut être changé. Pour ce portrait empreint d’authenticité des décrocheurs sociaux inuit qui, de nostalgie en vague à l’âme, rêvent de la toundra natale en errant dans l’espace urbain, le jury de Présence autochtone 2006 accorde le grand prix Rigoberta Menchu à Inuk urbain.

Image du film NikamunDes paroles s’envolent dans le ciel du Nitassinan aux accents de la langue ancestrale des chasseurs innus. Le temps passe et les saisons changent mais dans l’air les échos des rêves anciens demeurent. Sur les sentiers d’aujourd’hui qui sont allègrement parcourus par les auteurs compositeurs des communautés innues de la Côte-Nord, le documentaire Nikamun accompagne les artisans de la chanson contemporaine dans un périple d’espoir, de guérison et d’affirmation. Pour l’énergie de la jeunesse qui l’anime de part en part et pour son approche fraternelle et enthousiaste d’un courant culturel qui devient phénomène de société, le jury de Présence autochtone 2006 accorde le deuxième prix Rigoberta Menchu à Nikamun.

Image du film Indian Summer : The Oka CrisisPour son ambitieuse entreprise de construction d’une mémoire historique par le truchement d’une reconstitution fictionnelle des événements, pour la nouveauté du propos alors que pour une fois l’histoire n’est pas écrite avec le point de vue des conquérants, pour le voyant rouge qu’il allume sur le tableau de bord des certitudes paisibles de ceux qui ne voient pas que les détonateurs de la crise sont toujours en place, pour l’espace de dialogue et de débat qu’il ouvre à tous, le jury de Présence autochtone 2006 accorde une mention spéciale à Indian Summer : The Oka Crisis.

2005

Image du film The Stolen Spirits of Haida Gwaii1er prix : Redonner une sépulture décente aux ancêtres n’est pas seulement pour les Haïdas un devoir envers le passé mais aussi un geste fondateur pour le futur de la nation. La persévérance qui est la forme le plus haute du courage aura trouvé un écran grâce à des cinéastes qui auront su filmer avec respect et admiration la détermination d’une communauté à récupérer les restes humains arrachés au repos qu’on croyait éternel par des chercheurs peu scrupuleux. Pour avoir rendu dans une oeuvre admirable, la force tranquille qui fait s’ouvrir les portes les mieux blindées et frémir les coeurs les plus imperturbables, Kevin MacMahon se mérite le grand prix Rigoberta Menchu pour The Stolen Spirits of Haida Gwaii.

Image du film Heavy Metal2e prix : Pour avoir documenté, preuve à l’appui, les dommages secrets causés à l’environnement et à la santé publique par des compagnies minières irresponsables, pour avoir donné la parole à ceux qui ont voulu briser le complot du silence, pour avoir refuser de se plier à l’air du temps qui récuse l’esprit critique au profit de lâches connivences et pour avoir commis une oeuvre salutaire et dénonciatrice, le jury de Présence autochtone 2005 accorde le deuxième prix Rigoberta Menchu à Neil Diamond et Jean-Pierre Maher pour Heavy Metal.

2004

1er prix : Angakkuiit de Zacharias Kunuk

Le prix a été reçu par Mr Norman Cohn, producteur et associé de Mr Kunuk.

Les chamanes ont laissé leurs traces indélébiles dans les mémoires et, tant qu’il y aura des hommes et des femmes pour se souvenir, ils garderont la possibilité de réinvestir le monde. Les récits recueillis dans Angakkuiit nous rappellent que le merveilleux est à notre seuil et que la porte que l’on croit hermétiquement close pourrait bien s’ouvrir un jour. Pour ce voyage fabuleux au cœur de la mémoire vivante, là où la voix atténuée des esprits anciens parvient encore aux humains, le jury de Présence autochtone 2004 décerne le grand prix Rigoberta Menchu à Zacharias Kunuk.

2e prix : Whispering in our Hearts de Mitch Torres, reçu par Mich Torres venue spécialement d’Australie.

Entre les extraits d’archives et le récit des anciens, un massacre que l’Australie coloniale avait cru pouvoir effacer est ici reconstruit avec une terrible précision. Dans ce processus exigeant de mémoire et de deuil, la réalisatrice est pleinement engagée à côté des siens et son implication personnelle donne au documentaire une indéniable authenticité. Pour ce refus de l’oubli et pour son dévouement à la vérité historique, le jury de Présence autochtone 2004 décerne le deuxième prix Rigoberta Menchu à Mitch Torres.

2003

1er prix : Elisapie Isaac pour Si le temps le permet

2e prix : Catherine Martin pour The Spirit of Annie Mae

2002

1er prix : Valdete Pihanta Ashenika pour Shomotsi

2e prix : Ricky Derby pour Rocks with Wings

3e prix : Bryan Gunner Cole pour Boomtown

2001

1er prix : Confederation of Indigenous Nationalities of Ecuador pour La Dignidad de los pueblos

2e prix : Peter Blow pour Village of Widows

 


Logo de la revue SéquencesCatégorie DOCUMENTAIRE

prix de la revue Séquences

Le prix de la revue Séquences est décerné au meilleur documentaire.

2006

Image du film Brocket 99 - Rockin'  the CountryUn sketch humoristique amena un rire contagieux. Un malaise généralisé fut diagnostiqué puisque ce rire laissait un goût amer dans la bouche de ceux qui en étaient pris. Pour avoir crevé un abcès secret qui rongeait l’âme canadienne, pour avoir amené Drew Hayden Taylor à formuler l’aphorisme « l’humour doit amuser, non pas abuser » et pour avoir tiré à bout portant sur le raciste qui dort dans trop de c¦urs, le jury de la le revue Séquences accorde le prix du meilleur documentaire de Présence autochtone 2006 à Brocket 99 – Rockin’ the Country

2005

Image du film MujaanSéduit par le mariage heureux des techniques de la vidéo légère aux savoirs ancestraux des nomades mongols, dans un film où la modernité du propos rejoint la modeste et auguste tradition de la construction d’une yourte, le jury de la revue Séquences accorde le prix du meilleur court-métrage documentaire à Mujaan de Chriss McKee.

 

Image du film Basal BanarPour la passionnée défense et la lumineuse illustration d’une culture méconnue dans une structure filmique complexe où poésie et rigueur se conjuguent harmonieusement ; pour les grandes qualités cinématographiques et humaines qui donnent force et profondeur à un film exceptionnel ; avec la conviction que les Palawan prévaudront dans la lutte pour la survie et la transmission de leur patrimoine ; le jury de la revue Séquences accorde le prix du meilleur long-métrage documentaire à Basal Banar de Kanakan Balatingos.

2004

Whispering in our Hearts de Mitch Torres

Tentative de reconquête de la mémoire historique, le documentaire reconstitue le fil d’un massacre de population indigène, événement dont un réseau complexe d’occultation et de silence avait masqué jusqu’au souvenir pendant tout un siècle. Pour cette fresque complexe qui rend justice à la tradition orale qui, de murmures en murmures, s’est avérée plus exacte que la documentation douteuse des archives officielle australiennes, Mitch Torres se mérite le prix Séquences du meilleur documentaire.

 


Le prix Dr Bernard Chagnan Assiniwi

En hommage à Bernard Assiniwi dont l’oeuvre tel un phare continuera longtemps de rayonner dans les esprits et les coeurs. Ce prix couronne l’accomplissement exceptionnel d’une personnalité des Premières Nations. Terres en vues souligne par ce prix prestigieux le travail indéfectible d’hommes et de femmes qui, toute leur vie, ont su préserver leur culture d’origine et la nourrir du don essentiel de leur fierté d’appartenance.

2005

Nicole O’Bomsawin, directrice du Musée des Abénakis

2004

Jacqueline Kistabish

Née au début des années cinquante dans la nation anishinabe, elle a connu dans sa petite enfance l’école résidentielle et y a été soumise à la violence physique, psychologique et culturelle. Mariée à dix-huit ans, elle se voit interdire l’entrée du village par le chef, puisqu’elle était devenue une « femme blanche », Il faudra attendre 1985 pour que la loi redonne leur statut aux femmes autochtones mariées à des non-autochtones. Jacqueline Kistabish a travaillé sans relâche à la reconnaissance des droits des femmes des Premières Nations et fait du dossier de la non violence sa priorité. Elle a entre autres assumé pendant six ans la présidence de Femmes autochtones du Québec (1992-1999), été conseillère en toxicomanie au Centre Wapan de La Tuque et siège au conseil d’administration d’un organisme de prévention du suicide chez les autochtones.

 


Direction photo

2006

Image du film Gesture DownDans une production indépendante, ne disposant pas de moyens considérables, une caméra attentive bouge avec intelligence dans la lumière naturelle et pense avec sensibilité en captant le prosaïque quotidien des gens humbles. Pour l’authenticité de l’image qui se laisse imprégner des sons et des odeurs des lieux traversés et qui nous rend proches les personnages qu’elle révèle, le jury de Présence autochtone 2006 accorde le prix de la meilleure direction photo à Roldan Lozada pour Gesture Down.

 


Prix jeunesse

2006

Coureurs de nuitCes coureurs ne couraient pas les concours mais parcouraient rieurs les sentiers nocturnes de leur adolescence. Mais les voici attrapés au vol par un documentaire d’auteur qui avec humour et intelligence prend les jeunes Atikamekw en flagrant délit d’existence. En bout de piste, pour son parcours sans faille, le jury de Présence autochtone 2006, accorde le prix jeunesse à Shanouk Newashish pour Coureurs de nuit.