Remise du prix Albert-Tessier à la grande cinéaste abénaquise Alanis Obomsawin

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Terres en vues se réjouit de la remise du prix Albert-Tessier à la grande cinéaste abénaquise Alanis Obomsawin et offre ses chaleureuses félicitations à la récipiendaire.

Attentive aux voix, d’abord et avant tout, son travail allait constituer en une mise en scène de la parole des peuples oubliés afin d’en restituer la grandeur et la cohérence. S’investissant totalement, films après films, la documentariste devient véritablement, dans le sens le plus fort et le plus noble du terme, porte-parole.

Il y a un cinéma selon Alanis Obomsawin, mais il ne faut pas le chercher dans un quelconque effet de signature, ce qui dans la démarche qui est la sienne aurait constitué une trahison; son cinéma refuse justement toute affectation. Mais on trouvera certainement, l’une n’allant pas sans l’autre, une éthique et une esthétique cinématographiques chez la cinéaste qui donnent  toute sa singularité à sa manière de faire

C’est cette fusion, entre l’artiste et la parole multiple dont elle se trouve investie par la grâce du cinéma, qui fait de l’œuvre d’Alanis Obomsawin quelque chose d’unique dans le cinéma d’ici, voire dans le cinéma tout court, quelque chose qui tient de l’art du feu et de la lumière : feu de la colère revendicatrice face aux injustices et lumière de l’espérance en un avenir meilleur.

Ses films, par la sincérité authentique qui en émane peut-être plus encore que par leurs remarquables qualités documentaires, ont marqué plusieurs générations d’Autochtones qui y ont puisé l’inspiration nécessaire pour combattre, créer, abattre les barrières ou, tout simplement, survivre.

Il suffit d’avoir assisté à une rencontre entre la cinéaste et des étudiants en cinéma pour voir la force de conviction qui anime son engagement à la fois social et cinématographique, flamme qu’elle transmet avec la générosité dont sont seuls capables les êtres d’exception.

Conférencière mondialement recherchée, Alanis Obomsawin accompagne ses films là où ils sont projetés, c’est pour elle un devoir conséquent auquel elle ne se dérobe pas. De porte-parole, l’artiste est devenue elle-même parole vivante et vibrante dont l’authenticité touche tous les auditoires venus pour l’écouter. De cet engagement et de cette fidélité, nous du festival Présence autochtone avons été maintes fois témoins.

Le jury du prix Albert-Tessier vient enfin rendre justice à une grande cinéaste du Québec qui, ici-même, n’a pas toujours reçu les marques de reconnaissance que sa carrière exemplaire lui aurait normalement méritées. Le Québec et les Premières Nations sortons tous aujourd’hui  grandis de ce l’annonce de ce prix.

 

Terres en vues, sa direction, son équipe, son conseil d’administration, offrent leurs félicitations à Alanis Obomsawin pour l’honneur qui lui est rendu, salue l’ONF qui a appuyé le travail de la cinéaste, et espère que l’éclat de ce prix permettra d’ébranler les barrières qui se dressent encore sur le chemin de la reconnaissance des arts et des cultures des peuples autochtones.