Tracey Deer

Tracey Deer

Tracey Deer, une Mohawk de la communauté de Kahnawake, est diplômée en études cinématographiques de Dartmouth College, une composante de la préstigieuse Ivy League, en 2000, avec deux mentions d’excellence. Tout de suite après, elle travaille au bulletin de nouvelles du soir de CanWest Broadcasting, à Montréal. Quatre mois plus tard, elle collabore avec Rezolution Pictures, également a Montréal, comme assistante de production à un nouveau long métrage documentaire. En trois mois, elle devient co-réalisatrice et co-directrice de photographie de One More River, un documentaire de 96 minutes qui a suivi les bouleversements au sein de la Nation crie au moment de la signature d’un accord qui permettra d’autres barrages hydroélectiques en territoire crie. Le prix du meilleur film documentaire est discerné à ce film aux Rendez-vous du cinéma québécois en février 2005 et il est diffusé à APTN au mois de mars 2005. Tracey Deer a réalisé, tourné et scénarisé son deuxième film, Mohawk Girls, un documentaire de 63 minutes qui raconte la vie de trois adolescentes mohawk qui grandissent dans la réserve de Kahnawake, une co-production avec Rezolution Pictures et l’Office national du film. Ce film remporte le price Alanis Obomsawin de meilleur documentaire au festival de film Imaginenative en 2005 et passe en ondes à APTN en février 2006. Les projets actuels de Tracey Deer comprennent un long-métrage documentaire qui explore le concept de l’identité autochtone contemporaine, également en collaboration avec Rezolution Pictures et l’Office national du film, et la co-réalisation d’un long-métrage documentaire sur l’école de langue Mohawk à Akwesnasne, avec Muskeg Media, ainsi que deux courts-métrages de fiction, actuellement en développement avec la maison de production de Ms. Deer, Mohawk Princess Pictures.

Entrevue avec Tracey Deer

Vidéo : Entrevue avec Tracey Deer (en anglais)

 

Tracey Deer a décidé de devenir cinéaste à 12 ans. Elle louait des caméras vidéo avec l’argent qu’elle économisait et elle tournait des petits films avec ses amis. Un Noël, on lui a offert sa propre caméra. Une cinéaste était née ! Elle n’a plus jamais arrêté d’écrire des scénarios et de diriger ses amis dans ses films d’adolescente.

Elle adorait Hollywood et son rêve était de faire des films. Au collège, elle a pris un cours sur le documentaire et a réalisé que ce serait son mode d’expression favori. Le documentaire est tellement indissociable de la réalité humaine. Elle est revenue à Montréal pour visiter sa famille avant de partir pour Los Angeles ou New York faire carrière… pensait-elle. Mais le hasard a voulu qu’elle rencontre des gens d’une compagnie de production locale qui l’ont engagée sur le champ. Elle a d’abord été assistante de production, puis très rapidement elle a été promue au poste d’assistante directrice.

Elle a proposé de faire le documentaire « Mohawk Girls » au producteur et c’était parti. Plus récemment, elle travaille sur deux autres documentaires et a fondé sa propre compagnie de production.

Elle était co-réalisatrice pour le film « One more River – The deal that split the Cree ». Ce fut une expérience des plus significatives. Pour commencer, étant Mohawk, elle connaissait à peu près rien de la culture crie, alors elle a du apprendre sur le terrain. Par contre le co-réalisateur était cri, ce qui lui a facilité la tâche. Faire un film sur la culture d’un autre peuple des Premières Nations est très différent que d’en faire un sur la sienne.

Lorsqu’elle travaillait sur « Mohawk Girls », elle avait toujours peur de mécontenter les gens de sa communauté. Mais en fin de compte, ses peurs n’étaient pas fondées parce qu’elle n’a eu que des encouragements et du soutien.

Son film subséquent, « Club Native » parle d’identité et d’appartenance. Qui étions-nous, qui nous sommes et où allons-nous. Le film jette un regard sur les personnes qui sont touchées par la question de l’identité. Ce n’est pas que de la politique, c’est une question fondamentale mais un peu taboue. Les gens disent qu’elle est courageuse de s’attaquer à un tel sujet. Tracey n’aime pas l’idée que la peur vous empêche d’agir. Ce n’est pas une façon de vivre.

Elle est fière de ce qu’elle a accompli jusqu’à maintenant. Elle pense que la persévérance est essentielle, mais qu’elle n’a de limite que le ciel.

Extraits du film Mohawk Girls de Tracey Deer

Vidéo : Extraits du film Mohawk Girls (en anglais)

 

 

 

 

La première scène nous fait voir une palissade entourant un village traditionnel mohawk. La caméra surplombe le village, qui est en fait une maquette. On y aperçoit trois maisons longues. Les personnages sont des figurines vaquant à leurs occupations. Une femme broyant du maïs et portant un bébé sur son dos, un homme transportant une charge quelconque, un autre tenant une poterie et un enfant debout près d’une maison longue.

La scène suivante contraste avec la scène du village traditionnel puisqu’on voit, à vol d’oiseau, un grand territoire parsemé de maisons et d’édifices modernes. Au loin coule le fleuve. Puis la caméra filme une rue d’asphalte bordée d’autos et de maisons. Il n’y a personne sur les trottoirs.

La scène suivante, à vol d’oiseau, montre une file d’autos traversant un long pont sur le fleuve. Puis la caméra pointe sur une grande ville, Montréal, avec la montagne du côté gauche et les grattes-ciel qui ne dépassent pas en hauteur la montagne.

De retour dans le village mohawk moderne la caméra nous place devant une maison à deux étages. Puis on voit une jeune fille en pyjamas assise les jambes croisées sur son lit. Elle lève les yeux au ciel et soupire tout en se laissant tomber sur le dos. Elle agite un peu le pied et les mains et se redresse tout en parlant d’une façon très animée. Elle se lève et quitte la scène en faisant signe qu’elle reviendra.

Trois plumes apparaissent à l’écran surmontant la lettre M du titre du film « Mohawk Girls ». La jeune fille revient en sautant sur le lit.

Les images suivantes sont celles de quatre jeunes filles qui parlent à l’écran. En fait le cadre de l’écran contient quatre petites images sur lesquelles apparaissent, tour à tour, les jeunes filles en médaillons. Les trois premières sont en couleur, démontrant la modernité. La quatrième jeune fille est celle du début qui était assise sur son lit. Son image est en noir et blanc car elle semble avoir été filmée dans les années 50 ou 60. Derrière cette jeune fille, une autre lui fait des plumes sur la tête, en guise de plaisanterie, avec deux doigts en forme de V.