Les Iroquoiens du Saint-Laurent

Située au cœur d'un réseau de voies fluviales, au milieu d'un fleuve immense et ornée d'une montagne en son centre, Montréal est un point nodal de communication entre les univers iroquoiens et algonquiens, entre chasseurs-cueilleurs nordiques et cultivateurs des zones tempérées. L'acte de naissance de Montréal, terre des hommes, porte l'empreinte indélébile de l'amérindianité.

La pratique des arts et métiers de la tradition est indissociable de la représentation de l'univers et du rôle de l'humain dans celui-ci. Chaque geste du travailleur artisan le relie à la création du monde. Ainsi en est-il du maïs issu des seins de la fille de la Femme du ciel après que celle-ci eut décédé en accouchant des Jumeaux ennemis qui allaient régler l'ordre du monde dans leurs affrontements homériques. Liés à la fertilité et aux cycles féminins, la culture du maïs et le travail de ses fibres sont l'apanage de la femme. Techniques et rituels s'entrecroisent et se confondent.

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Jacques Cartier a rencontré les Iroquoiens du St-Laurent en Gaspésie. Il a visité Stadaconé. Puis il s'est rendu à Hochelaga. Ils vivaient dans plusieurs villages sédentaires dans la vallée du Saint-Laurent où ils cultivaient le maïs, la courge, les haricots. L'été, les hommes allaient pêcher et chasser dans le golfe du Saint-Laurent. Nous savons maintenant qu'ils vivaient ainsi depuis les années 1000 de notre ère. Lorsqu'à son tour Samuel de Champlain remonte le fleuve, les rives sont désertes, tous les villages iroquoiens sont disparus. On essaie encore de comprendre ce qui provoqua cette extinction.



Le site extérieur du festival redevient ce lieu de confluence, ce coeur vibrant d'un réseau d'échanges qui s'étend désormais bien au-delà des limites du temps. Des artisans et des guides animateurs présentent chaque jour une technique différente en démonstration commentée : le wampum, la pipe à effigie en céramique, le tressage de maïs, la poterie et la taille de la pierre sont autant de champs où s'est exercé le savoir-faire de nos ancêtres et où nous pouvons trouver la trace de leur imaginaire cosmologique.

Ce jumelage démonstration et interprétation, fruit d'une collaboration entre Terres en vues et la Société Recherches amérindiennes au Québec, permet des présentations attrayantes et agréables, en toute authenticité, de ce patrimoine unique.

RECHERCHES AMÉRINDIENNES AU QUÉBEC

La Société Recherches amérindiennes au Québec publie une revue, depuis 35 ans, consacrée aux cultures et aux réalités autochtones des Amériques. Ses articles scientifiques et ses chroniques sont lus tant au Québec que dans le reste de la francophonie. Elle publie aussi des monographies, organise des colloques et, depuis peu, produit des documents audiovisuels. Elle diffuse sur Internet, dans son site en ligne, les résumés de ses productions et de ses activités. Bref, trente-cinq ans d'existence au cours desquels ont été suivies les transformations surtout politiques et culturelles, mais aussi sociales et économiques, des Autochtones du Québec ainsi que de certaines régions des Amériques du Nord et du Sud.

Le riche héritage archéologique de l'Iroquoisie est conservé et mis en valeur par plusieurs organismes et institutions de Montréal et de la région métropolitaine. Leur savoir-faire et leur passion de la transmission des connaissances font de la visite de leur stand respectif une occasion rare de découvrir dans un même lieu des approches différentes toutes vouées à montrer que l'histoire, grande ou petite, est bien vivante. Présence autochtone accueille le Parc archéologique de la Pointe-du- Buisson, le Centre d'interprétation du site archéologique Drouler/ Tsiionhiakwatha, le Musée McCord d'histoire canadienne, Pointeà- Callière, musée d'archéologie et d'histoire de Montréal, Recherches amérindiennes au Québec et pour la première fois au festival, la Mission catholique St-François-Xavier de Kahnawake, où sont conservés les restes de la Bienheureuse Kateri Tekakwitha.


Cherokee

Avec plaisir et fierté, Présence autochtone 2006 accueille au cœur de Montréal une douzaine d'ambassadeurs de la nation Cherokee.

Ces invités spéciaux, en provenance de l'ouest de la Caroline du Nord, ont quitté leurs majestueuses montagnes brumeuses afin de rejoindre leurs frères iroquoiens le temps de la grande célébration annuelle des Premières Nations qu'est devenue pour les Montréalais et les visiteurs de partout le site extérieur de Présence autochtone.

D'ailleurs, les Cherokees seraient, selon certains ethnolinguistes et anthropologues, à l'origine de la culture iroquoienne. Leur venue sur un site extérieur aux couleurs et aux traditions de l'Iroquoisie, au-delà de sa valeur symbolique, prend une dimension particulière exprimée par le désir de plus en plus marqué des Premières Nations des Amériques de souligner et de partager leur apport essentiel à l'héritage des peuples.

Cette rencontre chapeautée par Terre en vues a pris forme grâce à l'aimable collaboration du Museum of the Cherokee Indian.

VANNERIE ET POTERIE DES CHEROKEES

Les Cherokees des Apalaches méridionales, tout comme d'autres peuples du sud-est américain ; entrelacent des lanières souples d'Arundinaria gigantea, une plante aborigène robuste, cousine du bambou, qu'ils teignent de couleurs chaudes et naturelles. Ils fabriquent ainsi divers paniers et autres menus objets de vannerie jadis utilitaires et maintenant prisés des collectionneurs.

Les potiers Cherokee sont également reconnus pour leurs poteries estampées de style iroquoien, cuites à plein feu. Une technique qu'ils maîtrisent depuis plus de 2 500 ans.

Ces deux types de contenants de matières naturelles, aux motifs géométriques élaborés, sont porteurs de tradition, de changements et de fierté pour le peuple Cherokee ; ils sont l'expression de son identité culturelle.

Des potiers et des vannières de la nation Cherokee seront sur place durant les quatre jours du site extérieur ; des traditions millénaires revivent entre les mains expertes d'artisans bien de notre temps.


Trois sculpteurs


DENIS CHARRETTE


STEVE McCOMBER

L'espace du parc Émilie-Gamelin qui borde la rue Ste-Catherine devient un vaste atelier de sculpture où la tradition des mâts sculptés chère à plusieurs des Premières Nations continue de nourrir les approches originales des sculpteurs Steve McComber, Mohawk, Denis Charrette, Métis et Victor Gill, Abénakis.

Les œuvres chargées d'une énergie peu commune de McComber s'inspirent de la tradition plastique iroquoienne à laquelle viennent se greffer les traits distinctifs de l'art des Nations de la Côte du Pacifique. Fougue et audace sont au rendez-vous.

Denis Charrette élabore une &oeliguvre attentive aux forces de la nature et respectueuse de l'héritage des Premières Nations des forêts de l'Est et des Grands-Lacs. Un souci constant du vivant, une attention au détail signifiant et un métier solide donne à ses sculptures leur indéniable caractère d'authenticité.

Victor Gill poursuit le travail du sculpteur Panadis qui, au cours des années soixante a introduit la tradition des mâts sculptés dans sa communauté d'Odanak. L'art de Gill en est un de croisements et d'équilibre ; s'y rencontrent des éléments du style St-Jean-Port-Joli couplés à ceux spécifiques de la symbolique abénakise.


Rendez-vous

LE GOÛT DE LA DÉCOUVERTE

Tous les jours, Lysanne O'Bomsawin, de la communauté abénakise d'Odanak, jeune chef enthousiaste, dévoile, avec ses produits du terroir, les petits secrets de l'art culinaire des Premières Nations. Une cuisine fusion dirions-nous et un étonnant voyage à rebours où c'est l'Amérique qui découvre l'Asie, puisque notre chef nous propose un sushi amérindien de son invention. Une aventure gastronomique au coeur des territoires originaires.


 
LA CULTURE DES BORUCAS

Les Borucas du Costa-Rica sont de culture et de langue maya. Elisende Coladan, archéologue spécialiste de l'art rupestre centroaméricain nous les fait mieux connaître. Avec la participation d'un sculpteur et d'une tisserande Borucas.

23 JUIN DE 15H À 16H à l'UQAM, local J-1050 (entrée Berri au coin de Ste-Catherine).
En collaboration avec le Cercle des Premières Nations de l'UQAM


Conférences et démonstrations



ESPACE WICKIUP, PARC ÉMILIE-GAMELIN

En collaboration avec Recherches amérindiennes au Québec Par la recréation de techniques anciennes, les anthropologues et les archéologues sont parvenus à mieux saisir le mode de vie et l'organisation sociale des Iroquoiens. Certains d'entre ces spécialistes ont du apprendre et maîtriser ces techniques afin de bien comprendre tout ce qu'impliquaient leur invention et leur utilisation.

21 JUIN À 15H : L'outillage lithique,
avec Éric Chalifoux, Recherches amérindiennes au Québec et l'animateur Michel Cadieux, à la taille de pierre : pointes de flèches, couteaux et autres objets du quotidien prennent forme sous nos yeux.

22 ET 23 JUIN À 15H : Les pipes d'argiles iroquoiennes
avec l'archéologue Laurent Girouard et Michel Cadieux, pour qui la fabrication des pipes n'a plus de secret.


Les Boréades de la danse

PARC ÉMILIE-GAMELIN
SAMEDI ET DIMANCHE LES 24 ET 25 JUIN
DE MIDI À 18 H
EN CAS DE PLUIE :
Les troupes de danse se produiront à L'Agora du pavillon Judith-Jasmin de L'UQAM, 405, rue Sainte-Catherine Est.

Des troupes de danse des traditions autochtones d'Amérique du Nord et du Sud expriment dans l'exubérance et l'audace leur fierté de partager leur riche héritage dansé. Des danseurs des traditions mohawk, wendat, abénakise, quechua et maya déploient sur la scène du site extérieur du festival un savoirfaire ancestral rendu avec la fougue et la créativité de la jeunesse.

À travers la danse, les Premières Nations témoignent de leur dynamisme culturel. La ferveur et quelque fois l'urgence qui imprègnent leurs chorégraphies sont un hommage aux forces vitales qui de tout temps marquent le parcours des humains sur la terre. La joie embrase les regards, la danse est une offrande et elle est sa propre récompense.

Les gestes et les parures des danseurs font écho à tout ce dont la vie est faite. Suivre la danse dans ses atours et ses contours, c'est célébrer la vie.

LES GUERRIERS D'ANIKITUHWA

Dans le cadre de cette première visite au festival, les danseurs cherokees de la troupe Warriors of Anikituhwa font revivre leurs danses sociales traditionnelles. Les noms évocateurs de ces danses, la danse de l'ours, la pantomime de la chasse aux castors et la danse de l'amitié illustrent on ne peut plus clairement les univers symboliques et les territoires réels où se nourrit l'imaginaire cherokee. La danse de l'amitié, entre autres, demeure un thème récurrent du répertoire dansé des Premières Nations. Au 18e siècle, un lieutenant anglais dans ses mémoires a pu décrire une danse guerrière et une danse dite de la queue d'aigle que les Warriors of Anikituhwa nous feront connaître et apprécier sous le signe de l'authenticité. Les Boréades de la danse, le grand rendez-vous festif annuel de Présence autochtone nous convie à ce rare déploiement où tout se joue dans la posture, l'attitude et l'ornementation des danseurs. Ici, la tradition se fait légère, emportée dans le grand mouvement de la vie.